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Des élèves de l'École réalisent leurs premiers tests sur des toiles de Pierre Soulages

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Mercredi 3 février 2021, trois élèves de deuxième année de l’Institut d'Optique à Saint-Étienne, David Rodin, Emmanuel Kim et Mélanie Nguyen, ont eu le grand privilège d’accéder au Musée d’Art Moderne et Contemporain Saint-Étienne Métropole, pour une session expérimentale exceptionnelle sur deux œuvres du peintre de renommée mondiale Pierre Soulages. Depuis le mois d’octobre 2020, dans cadre de leur PIMS (Projet d’Ingénierie MultiSite organisé par le Laboratoire d'Enseignement Expérimental de l'Institut d'Optique), ils planchent sur la conception d’un système optique capable de scanner le brillant de grandes œuvres d’art. Après quatre mois de réflexions et de tests au laboratoire auxquels deux autres élèves, Romain Bacri et Jonathan Chartier, ont aussi participé, un premier concept est prêt à être testé sur des œuvres.

Le rendez-vous avait été pris par Pauline Hélou-de La Grandière, restauratrice nîmoise du patrimoine avec qui les élèves interagissent depuis le début de leur projet. Le conservateur du musée, Florent Molle, et la responsable de la valorisation des collections, Christelle Faure, ont reçu sa sollicitation avec enthousiasme en cette période où le musée est fermé au public. Sorties des réserves – inaccessibles à cause des contraintes sanitaire, les deux œuvres ont été spécialement installées dans une salle d’exposition.

Mesures optiques sur deux œuvres de Pierre Soulages, dans une salle du Musée d’Art Moderne et Contemporain, Saint-Étienne Métropole. Image en haut à droite : David Rodin, Emmanuel Kim et Mélanie Nguyen, élèves de l’Institut d'Optique conduisant le projet d’ingénierie multisite (PIMS)

Tout au long d’une carrière artistique de plus de 70 ans, Pierre Soulages a développé son œuvre sur un emploi quasi exclusif de matériaux noirs et a mis au centre de son travail artistique l’interaction lumière-matière. A partir de 1979, il a systématisé un nouveau type de peinture qu’il a intitulé « outrenoir », conférant à ses œuvres leur aspect visuel unique. La technique consiste à couvrir entièrement la toile d’épaisses couches de peinture noire qu’il met en forme pour aboutir à un contrôle très précis du relief et de la rugosité de surface. Ce travail de la surface génère un jeu maîtrisé de reflets plus ou moins spéculaires, mettant en valeur l’empreinte du geste de l’artiste. Comme pour toute surface jouant sur des effets de brillant, la géométrie d’éclairage et d’observation a une influence très forte sur l’apparence de ces toiles. Pierre Soulages a toujours porté un soin particulièrement méticuleux aux conditions d’éclairage dans ses expositions.

Détail des deux œuvres de Pierre Soulages (à gauche : Peinture, 130 x 162 cm, 18 avril 1959 ; à droite : Peinture, Janvier 1979), sous éclairage ponctuel.

Certaines œuvres sont malheureusement victimes de lentes dégradations, principalement des interactions chimiques des matériaux. On constate par endroits une apparition d’efflorescences colorées, ou des variations de niveau de brillant : des zones mates deviennent brillantes et réciproquement. C’est notamment le cas des deux œuvres mises à disposition par le musée stéphanois, que Pauline Hélou-de la Grandière suit de très près depuis plusieurs années.

Pour analyser et suivre dans le temps l’expression de ces dégradations, elle a entrepris un projet doctoral à Cergy Paris Université, intitulé NOIRœS (Nouveaux Outils Interdisciplinaires pour la restauration des œuvres de Pierre Soulages), dans lequel une approche scientifique basée sur la mesure optique est privilégiée. A ce jour, aucun instrument optique ne permet de scanner le brillant d’une surface sans contact et sur un grand format. On imagine pourtant bien l’intérêt d’un tel système pour enregistrer et consigner dans la durée les anomalies repérées sur les toiles. C’est précisément la conception d’un prototype de scanner de brillant qui a été confiée aux élèves de l’Institut d'Optique, à l’initiative des directeurs du projet doctoral NOIRœS Mathieu Thoury du laboratoire IPANEMA (Saint-Aubin, Essonne) et Lionel Simonot de l’université de Poitiers. Présents aussi tous les deux lors de cette session expérimentale au musée, ils accompagnent Mathieu Hébert, Yvan Sortais et Anthony Cazier, enseignants chercheurs à l’Institut d'Optique dans l’encadrement du projet PIMS depuis son commencement.

Les premiers résultats du PIMS sont prometteurs. On attend avec impatience la prochaine semaine expérimentale au cours de laquelle les données acquises sur les toiles seront exploitées.

De gauche à droite : Mélanie Nguyen, David Rodin, Emmanuel Kim, Mathieu Hébert, Pauline Hélou-de La Grandière, Mathieu Thoury, et Lionel Simonot.

L’Institut d’Optique remercie infiniment Pauline Hélou-de la Grandière pour cette belle initiative, Mathieu Thoury et Lionel Simonot pour leur implication dans le PIMS, ainsi que toute l’équipe du Musée pour leur accueil enthousiaste et chaleureux.

Découvrez l’activité de restauratrice de Pauline Helou-De la Grandière

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